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par les vers. Si vous aviez attendu à demain, messieurs, pour faire votre visite, vous auriez tout trouvé dans un état irréprochable, ajouta avec dignité la vieille femme de charge.

— J’aime mieux qu’il en soit ainsi, n’est-ce pas, Charles ? car je préfère laisser de l’argent à cette brave Barnes après ma mort, que de le dépenser en tapis qui ne serviront que quinze jours à peu près. Ayez soin de tout, Barnes, n’oubliez rien, ou je serai furieux.

— N’ayez pas peur, monsieur ; quoiqu’il y ait fort longtemps que nous n’avons reçu du monde, je réponds de tout. C’est pour le 24 ou le 25 de l’autre mois, n’est-ce pas ?

— Dites le 23, Barnes, et rappelez-vous que je ne regarde pas à l’argent. Demandez-moi ce qu’il faudra. Avez-vous du linge ? de la porcelaine de Chine ? enfin tout ce qui est nécessaire ? Je ne veux m’occuper de rien, mais je donnerai tout l’argent qu’il faudra.

— Et c’est la première chose, monsieur, observa la sagace femme de charge ; mais j’espère qu’il en faudra moins que vous ne pensez. Quant au linge, il y en a assez, et de superbe, pour plusieurs années. Notre service à thé ordinaire peut parfaitement passer ; mais je crains, monsieur, que nous n’ayons pas assez de plats ni d’assiettes.

— Eh bien ! alors il faut… Mais pourquoi n’en aurions-nous pas assez ? Il faut sortir l’argenterie, cela nous dispensera d’acheter de la vaisselle.

— Dîner tous les jours dans l’argenterie ? demanda avec surprise mistress Barnes ; je n’avais pas compris cela.

— Et pourquoi pas ? cela m’épargnera cette dépense.

— C’est vrai, monsieur ; seulement il est connu qu’un dîner servi dans l’argenterie est un peu élégant pour être répété chaque jour dans une réunion de famille. Un