— Mais il doit y en avoir dans mes bois, sans pour cela recourir à sir Temple.
— Sans doute il y en a en quantité ; mais sir Charles est propriétaire de la chasse, comme seigneur du pays.
— Voilà qui est odieux, répondit miss Martin Thorpe en rougissant ; mais je suppose que sir Charles autoriserait facilement mes gens à chasser pour ma table.
— Sans doute, madame ; mais, en l’absence de sir Charles Temple, son garde-chasse s’occupe seul de tout cela.
— Alors faites-le chercher, et je suis sûre qu’il consentira à ce que je mange du gibier.
— Certes, madame, il vous en vendra comme à toutes les familles des environs. Temple est renommé comme le château le mieux approvisionné de la province.
— Comment ! en vendre ? reprit Sophie en fronçant de nouveau les sourcils.
— Oui, madame ; ce commerce paye les frais de chiens, de gardes et de piqueurs à Temple.
— Eh bien, puisque je ne puis avoir du gibier, vous me donnerez autre chose ; je ne demande pas beaucoup de plats, mais je veux qu’ils soient bons et élégamment servis. J’aime les bonnes sauces et les gourmandises ; mais rappelez-vous toujours que je suis seule et qu’il ne faut pas faire des plats en trop grande quantité ; cependant je veux avoir bonne chère comme à Noël.
— Oui, madame ; mais pour être servie ainsi, il faudrait envoyer une liste à notre marchand pour lui commander des viandes salées, des jambons, des langues, des saucissons, des pâtés, des consommés, des sauces, des gelées, des fruits secs, des conserves, des truffes, des œufs d’esturgeon, des marinades, des