Page:Trollope - La Pupille.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.

D’ailleurs, il faut bien qu’elle se rende utile, la pauvre enfant, puisqu’elle est destinée à travailler pour vivre. Je vous autorise à mettre ici les pots et les cuvettes que vous voudrez, pourvu que cela ne soit pas trop cher : car avec des enfants, le mobilier court de grands risques. Mais ne vous pressez pas trop de faire faire tout cela ; je n’ai pas l’intention d’inviter les Heathcote avant que la maison soit complètement restaurée. Où trouverai-je de bons ouvriers pour refaire ma chambre immédiatement ?

— Sur la route d’Hereford, madame.

— Envoyez tout de suite William commander des chevaux de poste ; je veux aller à Hereford avant dîner. Allez vite et revenez prendre mes ordres pour le dîner. »

Quand mistress Barnes rentra, elle trouva sa maîtresse occupée à mesurer le tapis de la salle à manger pour en faire faire un de même taille dans son appartement. En apercevant la femme de charge, l’héritière s’arrêta brusquement et lui dit :

« Rappelez-vous la soupe aux carottes que vous nous donnâtes à Noël ; je désire en manger chaque jour une pareille.

— Bien, madame.

— Avez-vous beaucoup de gibier ici ? continua-t-elle après un moment de silence.

— Pas le moindre, madame.

— Comment, sachant mon arrivée, n’en avez-vous pas fait provision ?

— Je n’ai aucun moyen de m’en procurer pour le moment, madame.

— Qu’est-ce que cela signifie ? Il y en avait à Noël en abondance !

— Tout notre gibier venait de sir Charles, et, comme il a quitté le pays…