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Mistress Barnes obéit en silence et conduisit l’héritière au second étage, dont les chambres étaient mansardées pour la plupart. L’une d’elles, assez vaste, fixa l’attention de miss Martin Thorpe,

« Voilà une charmante chambre, dit-elle, et vraiment elle est fort jolie.

— Oui, madame ; seulement la cheminée fume beaucoup, ce qui la rend inhabitable. Il y a très-longtemps, quand M. Cornélius Thorpe amenait ici une quantité de jeunes gens de ses amis, on les faisait coucher ici ; mais alors l’ameublement de la chambre était neuf et très-élégant ; puis c’était en été, et enfin c’étaient des jeunes gens.

— Il y a des gens qui ne font jamais de feu dans leur chambre à coucher. Les Heathcote sont de ce nombre ; cette chambre sera donc très-suffisante pour eux. Vous chercherez un ou deux bouts de tapis pour mettre au pied du lit, et je vous autorise à y déposer un second lavabo. »

Si en parlant ainsi Sophie avait regardé sa femme de charge, elle aurait, dans ses regards stupéfiés, appris que le pouvoir de la richesse ne suffit pas pour se faire aimer et estimer des domestiques aussi bien que des étrangers. Mais elle ne pensait guère à examiner mistress Barnes : car, ayant par hasard jeté les yeux sur le paysage, elle avait entrevu assez près du château, et entourée d’arbres légèrement feuillés, une petite construction assez élégante.

« Qu’est-ce que cette maison, Barnes, et à qui est-elle ?

— C’est une maisonnette habitée depuis des années par un nommé Arthur Giles et sa famille, madame.

— Pour que cela soit si près de mon château, il faut que cela fasse partie de la propriété ?

— Certes, cela en fait partie, répondit la vieille femme sans rien ajouter.