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l’économie qu’ils feront, en vivant chez moi, à payer l’éducation de trois de leurs filles qui ont grand besoin d’être envoyées à l’école. Quant à leur aînée, cette grande fille maigre, que vous ayez vue à Noël, elle viendra ici avec ses parents, et, comme elle est pauvre et ma cousine, je ne l’oublierai pas tant qu’elle se conduira bien. Maintenant il y a encore deux petits enfants qu’il faudra endurer ici. Personne, j’espère, ne me blâmera d’introduire chez moi tout cet ennui, car c’est par pure charité que j’ai fait cette terrible invitation.

— Cela égayera et charmera votre maison, madame, répondit mistress Barnes avec un sourire encourageant.

— Le bruit ne me charme jamais, mistress Barnes, répondit sèchement Sophie. Cependant, comme il me faudra supporter tout cela, j’ai un service à vous demander à ce sujet. Les revenus que mes tuteurs me donnent pendant celle année de minorité seraient très-beaux, si je les dépensais pour moi seule ; mais ils seront assez médiocres pour entretenir cette énorme famille. Pour y arriver, Barnes, j’aurais besoin du dévouement intelligent d’une personne comme vous, et je vous demande, par la mémoire de mon oncle tant regretté, de rester avec moi encore cette année. Je sais que votre intention était de vous retirer chez votre frère ; eh bien ! vous irez plus tard, quand vous aurez encore économisé vos gages d’une année ; du reste, vous êtes encore trop jeune et trop forte pour vous reposer déjà.

— Mon pauvre maître s’est choisi une digne et sensible héritière, ce n’est pas sa faute si elle paraît laide et désagréable, » pensait mistress Barnes en réfléchissant à la proposition de miss Martin Thorpe. Aussi répondit-elle : « Eh bien ! madame, j’accepte vos offres ; je resterai à votre service une année depuis le jour de votre arrivée ici ; mais j’ai aussi quelque chose à vous demander. J’avais toujours souhaité que vous prissiez