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sait que je préfère votre intimité à tous les plaisirs de chasses, de courses et autres ; mais, quoique vous ne voyiez plus votre famille, je suis persuadé que toutes vos actions sont scrutées avec anxiété par une masse de neveux et de nièces, qui, si vous ne vous occupez pas d’eux, s’occupent en revanche beaucoup de vous. Enfin, mon ami, jugez de ce que l’on penserait si, à votre mort, l’on apprenait que le résultat des soins et de la tendresse que j’avais pour vous soit l’addition de vos propriétés à ma terre de Temple.

— Folie, Charles ! que signifie ceci ? Je regrette de vous avoir parlé de tout cela, au lieu d’avoir arrangé mes affaires moi-même ; je suis stupide de vous en avoir jamais entretenu.

— Je vous donne ma parole, Thorpe, que j’aurais tout vendu, meubles et ornements, excepté mon ami Pussy, et fait un partage égal entre tous vos héritiers, après les avoir fait venir d’Angleterre ou de Galles. Et qu’y aurais-je gagné, s’il vous plaît, mon ami ? Beaucoup de fatigue et d’ennuis.

— N’en parlons plus, alors, et cherchons ensemble à qui je laisserai mon revenu de trois mille livres sterling, puisque vous n’en voulez pas.

— Au plus digne de vos parents, si vous savez lequel mérite cette préférence, ou sinon au plus proche.

— Mais il y en a plusieurs au même degré, et je ne les connais presque pas.

— Alors faites un partage.

— Non, je ne veux pas diviser ma propriété, qui a appartenu à notre famille depuis deux cents ans. Eh bien ! puisque vous m’avez si cruellement refusé, il faudra que je réunisse tout ce monde afin de pouvoir choisir mon héritier.

— Ce sera bien ennuyeux, mon ami ; mais vous avez raison, c’est le seul moyen. Comment ferez-vous ? Vous