dans votre position ; car, excepté quelques legs insignifiants, vous héritez de tous les biens de votre oncle Thorpe, qui vous a choisie pour légataire universelle.
Sophie ne répondit rien et ne parut pas même surprise ; mais toute la famille Heathcote était trop sincère pour pouvoir la complimenter, et, quoique, des personnes réunies, aucune ne comptât sur l’héritage de M. Thorpe, il y eut pourtant dans la salle un profond silence, provoqué par l’étonnement et le mécontentement.
Afin de faire cesser cette situation un peu embarrassante, sir Charles se leva et s’avança vers le coin obscur d’où miss Sophie n’avait pas encore bougé, puis, d’une voix grave :
« Quand vous serez remise de l’émotion naturelle qu’a dû vous causer cette nouvelle, miss Martin, je vous prierai de vouloir bien m’écouter, car j’ai à vous parler d’affaires, dit-il.
— Me parler d’affaires, à moi, monsieur ! reprit l’héritière à voix basse, mais sans la moindre émotion et sans embarras aucun.
— Oui, miss Martin, ou plutôt miss Martin Thorpe ; car votre oncle, en vous léguant ses biens, a voulu que vous prissiez son nom. M. Thorpe, par son testament, nous a nommés, le major et moi, exécuteurs testamentaires et vos tuteurs pendant votre minorité, et, comme je dois quitter l’Angleterre très-prochainement, je désirerais vous entretenir de vos affaires avant mon départ.
— Je vous remercie, monsieur, répondit Sophie en se levant doucement ; mais rien ne m’oblige, je pense, à m’occuper d’affaires en ce moment. »
Et, en parlant ainsi, elle sortit fièrement, sans échanger un seul mot avec ses parents d’adoption.
« Miss Martin Thorpe est dans son droit en me re-