Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II

Ah ! de cette aventure où quelque autre te pousse,
Ô Patrie, il est temps, il est temps de sortir,
De peur qu’à ce métier ton front ne s’éclabousse
D’une tache, demain difficile à partir.

République, est-ce à toi de faire la police
Au profit des sultans, au gré des empereurs ?
Mieux vaut être isolé qu’être dupe ou complice :
Tu ne seras pas seule ayant pour toi les cœurs.

Compagne jusqu’au bout de l’Europe égarée,
De tes ingrates nefs au dur cœur de métal,
Cerneras-tu demain les môles du Pirée
D’où s’embarqua vers nous le pilote Idéal ?

Et de cette cité qui seule ou la première
Libéra l’univers, ferez-vous le blocus ?
Et ce pays par qui fut criblé de lumière
Tout pays, sera-t-il criblé de vos obus ?

L’orchestre des canons se taisait, impassible,
Quand l’Arménie en pleurs criait vers un appui
Et voilà qu’en retour l’Acropole est leur cible :
Naguère trop muets, trop hautains aujourd’hui.