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Oui ! quand il rédigeait d’une infaillible main,
De sa future loi les tables de lumière,
Il inscrivit d’abord à la page première,
Ce mot le plus divin, puisque le plus humain,

Amour… aube des cœurs, et des bouches dictame,
Et qui, révélateur suave et triomphant,
Met le premier sourire aux lèvres de l’enfant,
Et les premiers aveux aux lèvres de la femme ;

Amour, froment des saints, breuvage des héros,
Et dont la table auguste au multiple service,
Offre aux Vincents de Paul le mets du sacrifice,
Tout en versant le vin d’extase aux Roméos ;

Amour qui fait courir les ivresses fécondes,
Du Zénith au Nadir, et de l’astre au pistil,
Et d’un enlacement innombrable et subtil,
Rapproche en même temps les âmes et les mondes ;

Amour, verbe vivant de la terre et du ciel,
Qui seul fait tressaillir l’être humain jusqu’aux moelles,
Et des milliers de cœurs sous des milliers d’étoiles,
Seul mot primordial, seul hymne essentiel ;

Universelle joie et vie universelle ;
Et la Volupté pourpre et la blanche Pitié,
De ce splendide Tout ne sont qu’une moitié,
De ce vaste trésor ne sont qu’une parcelle ;