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II
LE TOCSIN DES PITIÉS



Le « bazar » fume encor que la vague débonde :
C’est le flot du déluge après le feu d’enfer ;
Et l’ouvrier regarde — ô spectateur amer ! —
Le pain de ses enfants fuyant au fil de l’onde.

La gelée, un matin, rend la vigne inféconde,
Et la tempête, un soir, rend barbare la mer ;
Et les quatre éléments : l’air, l’eau, le feu, le fer,
Livrent bataille à l’homme aux quatre coins du monde.

Mais, en vain, le fléau prend l’usine ou l’esquif,
Il n’aura pas raison de l’homme, être chétif,
Dont le front est sublime et l’âme débonnaire ;

Et quand l’orage éteint la chanson des métiers…
Plus haut que le fracas des eaux et du tonnerre,
Sonne au clocher du cœur le tocsin des pitiés.


Juin, 1897