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Elles ne savaient pas, elles ne jugeaient pas ;
Elles pleuraient. Jésus vers elles fit un pas.
« Ne pleurez pas sur moi, pleurez sur votre ville »
Leur dit-il, car déjà de cette cité vile
Qui le faisait mourir, il prévoyait la mort,
Et d’Israël détruit l’impitoyable sort.
Courbe, Jérusalem, ta criminelle tête,
Car si proche est le coup, si sûre est la tempête,
Qui du haut de tes tours doit te précipiter,
Que tu ne saurais plus désormais racheter,
Ô ville réprouvée entre toutes les villes,
Le forfait de tes fils par les pleurs de tes filles.
Mais ces pleurs toutefois ne coulent pas en vain.
Pour avoir été douce au paria divin,
La Juive, en tout pays, toujours restera belle.
Grâce et pardon d’un peuple à la Pitié rebelle,
Partout elle verra ses pleurs inoubliés,
Sur son cou s’égrenant en précieux colliers
Devenir sa parure aux rives étrangères ;
Immortels diamants, ces larmes passagères
Seront sous tous les cieux, par toute nation,
Vos joyaux de l’exil, ô femmes de Sion !


IV

Le Christ jusqu’à la lie a vidé son calice ;
Et le supplicié sur le bois du supplice
Va mourir. C’est alors qu’en un cruel moment
De détresse, levant les yeux au firmament,