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Mais le sang, de son front tout déchiré d’épines,
Coulait sur son visage en taches purpurines.
Alors, des rangs du peuple, on vit soudain sortir
Une femme, qui vint tout droit vers le martyr ;
Et simplement, d’un voile elle essuya la face.
Efface la souillure, ô Véronique, efface ;
Car ces gouttes de sang, ces gouttes de sueurs,
Deviendront sur ton nom d’immortelles lueurs ;
Et ce morceau d’étoffe où désormais s’imprime
En intangibles traits le visage sublime,
Humble, resplendira plus adorablement
Que l’éclatant peplum de Pallas, car vraiment
Ton emblème vaut mieux que l’emblème hellénique.
« Orgueil » disait Pallas ; « Pitié » dit Véronique.


III

Mais le porteur de croix, sous son pesant fardeau,
Une nouvelle fois tombe. Un groupe nouveau
De femmes, affrontant les soldats et les armes,
S’approcha de Jésus, et répandit des larmes,
Car leur cœur de sanglots fut soudainement plein
Devant ce lamentable et sanglant pèlerin ;
Et sur cette torture entrevue au passage,
Sur l’errante victime au résigné visage,
Elles pleuraient. Si tel était le châtiment,
Quel crime pesait donc sur cet homme ? et comment,
Et pourquoi sur un seul à la face honnie
Retombait tant de haine et tant d’ignominie ?