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DEUX SONNETS DE PÉTRARQUE


I

la nostalgie de l’absente



Fleuve aux rapides eaux, fils d’une alpestre veine,
Qui vas toujours roulant — d’où Rhône on t’a nommé
Tu descends avec moi par le sud réclamé,
Toi, mené par ta pente et moi que l’amour mène.

Puisque ta course échappe à la fatigue humaine,
Va devant ; rends aux mers ton flot de bleu gemmé ;
Mais un moment fais halte à ce rivage aimé
Où les prés sont plus verts, la brise plus sereine.

Là vit le doux soleil d’où me vient le rayon,
Là sur ta rive gauche, en pays d’Avignon,
Un long printemps fleurit, un printemps venu d’elle.

Ah ! de son pèlerin aurait-elle langueur ?
Dis-lui, baisant ses pieds de lys et d’asphodèle,
Que mes pas sont tardifs, mais hâtif est mon cœur.