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Et que faites-vous donc, et dans quelle fontaine
S’apaise votre soif par ces longs jours d’été,
Quand je suis altéré de vous, coupe lointaine,
Qui me versiez l’amour et la félicité ?

Ô chère coupe ! ô chère absente ! ô chère amie !
Revenez à l’appel brûlant du voyageur,
Car même au bord des lacs à la face endormie
Je cherche en vain sans vous la paix et la fraîcheur.

Revenez : cette eau bleue à l’éternel sourire
Semble sourire à tous, sauf à l’inconsolé ;
Et vous cherchant partout je ne sais que redire :
« Un seul être nous manque et tout est dépeuplé ».

J’ose le répéter, ce vers que Lamartine
Ayant même tristesse, et dans ces mêmes lieux,
Fit sonner autrefois sur sa lyre divine
Au désert de son cœur sous le désert des cieux ;

Car les humbles parfois ont aussi leur Elvire,
Car vous êtes pour moi l’immortelle au cœur sûr,
Et vous avez daigné suspendre à mon navire,
Femme et Muse à la fois, votre écharpe d’azur.


Lac du Bourget, août 189…