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Aime d’abord, avant de composer un livre.
Veux-tu que ton poème, ardent et généreux,
Se grave au cœur de tous ? commence par le vivre.
Écris-le pour toi, mais l’ayant vécu pour eux.

Aime : il sera brûlant de ces larmes brûlantes
Qui montent à leurs yeux de leur sein frémissant,
Et dans ton œuvre vraie aux pages ressemblantes,
Chacun se complaira, tous s’y reconnaissant.

Aime : il nous redira cette plainte éternelle
Qui monte des cités comme aussi des sillons,
Et la procession auguste et fraternelle
Des pauvres de Jésus, tout nimbés de rayons.

Aime : il sera suave ainsi qu’une caresse,
Aime : il sera charmant ainsi qu’une amitié,
Aime : il sera profond ainsi que la Tendresse,
Aime : il deviendra saint de la sainte Pitié.

Aime donc, tout est là. Sois un cœur, sois une âme,
Avant d’être une lyre avec des sons autour ;
Aime le sacrifice à l’héroïque flamme,
Aime l’enthousiasme, enfin aime l’amour ;

Et non pas cet amour issu de la névrose,
Cérébral et stérile encor plus que pervers,
Mais l’amour frais et pur comme un toucher de rose,
Créateur comme Dieu, grand comme l’univers,