Page:Trolliet - La Route fraternelle, 1900.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
Puis lentement et plus bas.
Tu viendras, n’est-ce pas ? car tu m’aimes toujours,

Tu m’aimes, je le sais… je le sens !

RAOUL, à part.

Tu m’aimes, je le sais… je le sens !Oh ! je cède !…

Puis, avec un effort surhumain et les yeux levés au ciel.
Louise, je vous aimais, mais Dieu vint à mon aide,

Par lui j’ai pu fermer, entrant dans ce séjour,
Mon souvenir au monde et mon cœur à l’amour.
Je ne vous aime plus.

LOUISE, sans une seconde de doute.

Je ne vous aime plus.Si !… tu m’aimes encore.
Tu me caches en vain l’amour qui te dévore ;
J’en crois tes yeux, j’en crois ton trouble et ta pâleur,
J’en crois ton premier cri d’ivresse et de bonheur
Qui t’échappa soudain quand tu me vis paraître.

RAOUL, cessant enfin de lutter.

Eh ! bien, oui ! j’ai menti ! Je t’adore !… Ah ! cher être
Qui, dans ma sombre nuit, t’es de nouveau levé,
Comme l’aube attendue et le bonheur rêvé ;
Chère âme, qu’en ce cloître où la tristesse habite,
L’étoile de l’amour ramène au cénobite ;
Chère absente, qui viens dans ces austères lieux
Me rendre le rayon qui tombe de tes yeux,
Et de ta bouche en fleur m’apporter le calice ;
Oui, malgré l’abstinence et malgré le cilice,
Je n’ai pu rejeter ton brûlant souvenir,