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Soupirant ses adieux en mélodiques thrènes,
Fuyant loin de César, malgré soi, malgré lui,
Et loin du Capitole impitoyable aux reines !…
— Dans l’Orient désert quel sera son ennui !!!

Et les unes brûlant de flammes légitimes,
Les autres aspirant au baiser défendu,
Mais toutes s’inclinant vers la tombe, victimes
Du breuvage fatal en leur sein descendu ;

Toutes, la plus vivante ou la plus effacée,
— Car même Cléophile, aux rives de l’Indus,
D’un rayon de tendresse est déjà caressée,
Et semble respirer les langueurs du lotus ; —

Toutes, entretenant un intime supplice
Qui, sur leur noble tige en secret les détruit,
Et gardant une attente au fond de leur calice,
Et mourant sur leur fleur d’avoir rêvé le fruit,

Roses au cœur de pourpre ou lys au cœur de neige,
Du jardin de ton âme écloses quelque jour ;
Et depuis épandant, merveilleux florilège,
Sur les tréteaux de France un arôme d’amour.