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Rondeau, nom poétique et poétique asile,
Dont la façade rit au milieu des prés verts,
Entre l’Isère souple et le Drac indocile,
Au pied des monts géants, de neige recouverts.

Rondeau, qui nous semblais la cage hospitalière,
Et fus pour nous un nid plutôt qu’une prison ;
Et comme des oiseaux chantant dans la volière,
Les petits Dauphinois chantaient dans ta maison !

Que de fois, las du monde, alors je me rappelle
La ruche d’écoliers bourdonnant dans ton sein,
Tandis que nuit et jour en ton humble chapelle,
Quelqu’un de grand bénit ton studieux essaim !

Que de fois j’ai revu, non sans mélancolie,
Tes deux camps où sonnait notre rire enfantin,
Et cette paix du cœur qui jamais ne s’oublie,
Et dans tes murs pieux notre pieux matin !

Et tes processions, chrétiennes théories
Qui vont se déroulant dans les beaux soirs de mai,
Sous l’aile d’un cantique aux notes attendries,
Vers l’agreste Madone en son cadre embaumé !

Et tes classiques jeux, tes grands jeux olympiques,
Où la bannière en main parlaient tes sénateurs :
Un Pindare manquait à ces luttes épiques,
Mais non les Cicérons enflammant les lutteurs !