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Gare à ma vengeance hautaine !
Ils ont encore, et coup sur coup,
De Vizille jusqu’à Fontaine,
Jeté quatre ponts sur mon cou.
C’est trop de colliers, par Hercule.
Je dis à l’homme minuscule
Devant moi le Dragon, recule,
Ou, je le jure, le Dragon
Dans son ressentiment superbe,
Justifiant le vieux proverbe,
Emportant la tour avec l’herbe,
Mettra tout Grenoble en savon.

L’ISÈRE.

On connaît les défis du Dragon débonnaire.
Il se fâche très fort, menace très haut… mais,
Si son fracas ressemble au fracas du tonnerre,
Son tonnerre est de ceux qui ne tombent jamais.

Heureusement. D’ailleurs pourquoi punir les hommes ?
Contre nos visiteurs pourquoi tant s’indigner ?
Nous avons la verdure et la fraîcheur ; nous sommes
Le grand bain salutaire : ils viennent s’y baigner.

La plaine a le désir des montagnes neigeuses,
Non pour les conquérir mais pour les admirer ;
Et les troupeaux humains dans les cités fangeuses
Rêvent du pur torrent : ils viennent s’y mirer,