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DIALOGUE
ENTRE L’ISÈRE ET LE DRAC


À la mémoire de Louise Drevet,
l’auteur des
Nouvelles et Légendes dauphinoises.


L’ISÈRE.


Ô mon frère le Drac, d’où te vient ta colère ?
Une hostilité sourde est au fond de tes eaux ;
Je crois, à ton approche, entendre un bruit de guerre ;
Tes sonores galets font peur à mes roseaux.

N’es-tu donc plus heureux, errant célibataire,
De rencontrer ici ta serpentine sœur ?
Et la rivière souple, au torrent solitaire
N’offrirait-elle plus ni charme ni douceur ?

Et trouves-tu moins beau notre pèlerinage
Des monts aux lacs d’azur vers le Sud aux fruits d’or,
Quand les deux voyageurs, tout le long du voyage,
Ont les prés, ce tapis, les Alpes, ce décor ?

Nous avons pour berceau la neige, pour domaine
L’indomptable pays des Allobroges roux,
Pour tombe le grand Rhône à l’onde souveraine…
Que te faut-il de plus ?… et d’où vient ton courroux ?