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L’Allobroge, aux creux des torrents,
A bu le mépris des tyrans,
Mais calme et fier, il appareille
La raison et la liberté ;
Car l’Alpe joue à son oreille
Une hymne de sérénité.

Oui, sublimes sont les arpèges
Que sur le blanc clavier des neiges
Ou dans l’orgue sombre des pins
Exécute l’Alpe éternelle ;
Et des Mozarts et des Chopins
L’âme harmonique habite en elle.

Si chantante est la voix des eaux
Qui dévident leurs bleus fuseaux
Dans les prés verts, molle couchette,
Et dont le grelot ruisselant
Se marie avec la clochette
Des troupeaux roux, tachés de blanc !

Ô monts, virtuoses candides !…
Et dans les clairs matins splendides
La vallée en un pur frisson
Entend l’aubade que fredonne
Ce moine pieux, le grand Som
À cette vierge, Belledonne…