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Car voilà plus d’un siècle, en cette même terre,
Du Taillefer sublime au Saint-Eynard austère,
Un rayon s’élança précurseur du réveil ;
Et pour toute la France émue, et dans l’attente,
La Révolution, cette aurore éclatante,
Se leva sur les monts… du côté du soleil.

Et sur le feu qui dort jetant la goutte d’huile,
Grenoble fait voler sous des éclats de tuile
Un arbitraire édit dans l’orage emporté.
Juste comme Mounier, vibrant comme Barnave,
Le Dauphinois toujours fit un mauvais esclave,
Et de quatre-vingt-neuf alluma la clarté.

Les Alpes, tout à coup, pensives sentinelles,
Sur leur calme manteau de neiges éternelles,
Eurent un frisson d’aube…… et crièrent : Debout !
Et Vizille et Romans devancent d’une année,
Ô Quatorze Juillet, ta brûlante journée,
Et ta nuit immortelle, ô généreux Quatre Août.

Et ce même Quatre Août, date deux fois sacrée,
Voit inaugurer l’œuvre, où l’artiste qui crée,
Au même piédestal appela tour à tour
Le prêtre, le seigneur et le manant auguste,
Et fit jaillir, d’un geste intrépide et robuste,
Sur la stèle de pierre un idéal d’amour !