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LA FOUTROMANIE

Fout avec nerf, aime avec vérité ;
De l’intérêt ignorant la puissance,
Le plaisir seul guide sa jouissance :
Son vit heureux ne craint aucun revers,
Dans son amante il voit tout l’univers,
Peuple marchand, intéressé, stupide,
Froid, monotone, impudemment avide,
Sots Hollandais, qui, prisant un trésor
Par-dessus tout, victimes de vos veilles,
Au sentiment refusant les oreilles,
Ne savez rien, et n’adorez que l’or,
Courez jouir : votre printemps s’écoule,
Le plaisir fuit, les maux naissent en foule,
Servez l’amour, goûtez-en les appas.
Et prévenez les horreurs du trépas.
Lorsque la Parque, à la marche rapide,
Aura tonné, que seront vos ducats ?
Traîner par goût une vie insipide,
Sans intervalle entre de longs travaux,
Sans se prescrire un temps pour le repos.
Du galérien c’est s’imposer la chaîne :
Dame fortune en son cortège traîne
Les noirs soucis, étouffe la gaîté ;
L’ambition éteint la volupté.
Triste Plutus, laborieux avare,
A qui les biens offrent seuls des appas,
A tes amis, à toi-même barbare,
Que fait ton or relégué dans des sacs ?
Veux-tu savoir quel est le bien suprême ?
Fais des heureux, sois fortuné toi-même,
Cherche un objet qui t’estime et qui t’aime,