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LA FOUTROMANIE

En bien aimant, mit fin à ses douleurs.
La pauvre garce était vraiment en peine,
Cheveux épars, ne versait que des pleurs,
Dans tout son corps souffrait de la vérole :
Un regard doux, un mot vous la console,
Lui fait soudain oublier ses malheurs,
Vous la guérit, lui sert de casserole.
Son cœur épris sent d’étranges ardeurs,
Pour l’homme-Dieu[1] la drôlesse soupire,
Et désormais l’impudente n’aspire
Qu’au vit divin qui cause ses chaleurs.
Vous m’entendez, aimables foutromanes ?
L’exemple est sûr ; on n’en peut de meilleurs ?
C’est par l’amour que l’on cueille les fleurs,
Point de ces fleurs albâtres et profanes
Qui font pâtir, réduisent aux tisanes,
Et dans les sens insèrent les langueurs :
Mais les plaisirs des cieux et de la terre.
Car les regrets ne sont que vrais bourreaux ;
Aux sots vivants ils creusent des tombeaux,
Du vain scrupule étendent l’hémisphère,
Livrent au cœur une éternelle guerre,
Doublant toujours la masse de nos maux.

  1. Mon confrère Voltaire et mon maître, comme celui de bien d’autres, a fort élégamment dit dans sa Pucelle, en parlant des amours du Saint-Esprit avec la Vierge :

    Joseph Panther et la brune Marie,
    En badinant, firent cette œuvre pie :
    A son mari la belle dit adieu,
    Puis accoucha d’un bâtard qui fut Dieu.