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TROIS PETITS POÈMES

Tout est plaisir pour l’amant et l’amante,
Les sens charmés font l’ivresse du cœur,
Nous leur devons le physique bonheur.
Car, les plaisirs, les biens imaginaires
Sont des zéros, de menteuses chimères,
J’ai beau guinder mon esprit aux amours,
D’une beauté me peindre les contours,
Me la tracer et parfaite et naïve,
Sur ses appas, sur ses charmes secrets,
Faire trotter mon imaginative,
De ses talents m’exagérer les traits,
Que m’en vient-il ? Soupirant, en viédase,
Pour un fantôme, une belle en tableau,
Dupe sans fin de ma brillante extase,
Le bec ouvert, je croque le marmot.
Bien fou qui va, d’un amour platonique,
De longs soupirs accueillant les objets,
En Espagnol se morfondre aux aguets,
Guitare en main, courtiser en musique,
Genoux pliés, contempler des attraits
Qu’on lui refuse, et qu’il n’aura jamais.
Le sot métier ! Pour Vénus elle-même,
Pour la beauté ceinte du diadème,
Point ne voudrais du rôle d’attentif,
De soupirant, d’amant contemplatif.
Il m’en souvient, pendant toute une année,
D’avoir langui pour un tendron charmant,
Qui, sans pitié pour mon cruel tourment,
En fier vainqueur, me tint haut la dragée.
Jouer de l’œil, écrire des billets,
Faire l’aveu d’une ardeur réciproque,