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LA FOUTROMANIE

Un front étroit, une œillade mutine,
Sourcils arqués, cheveux noirs et pendants !
Deux blocs d’albâtre ornant cette poitrine,
Sont suspendus sur la forêt voisine,
Qu’un doux ruisseau traverse dans son cours,
Bois enchanté où nichent les amours !
L’amorce prend, pressé par la nature,
Par les attraits d’une heureuse figure,
Le foutromane en ses jeunes ardeurs
Court immoler à mille appas vainqueurs,
Goûter les biens de l’aimable luxure,
Plonger son vit dans un bosquet de fleurs.
Son coup d’essai de volupté l’enivre,
D’un vain effroi pour toujours le délivre,
Le fait sur l’heure entrer en paradis,
De Mahomet lui dépeint les houris,
Et l’initie au vrai bonheur de l’homme.
Son directeur, le père Chrysostome[1],
En fait autant ; à couillons rabattus,
Pour blonde et brune, en prêchant les vertus,
Renonce enfin à se branler la pique,
Envers les cons braque sa rhétorique,
Sert sa servante en modeste chrétien,
Et vous l’engrosse en brave citoyen.
Après avoir foutu comme un apôtre,
Le drôle va crachant son patenôtre[2],

  1. Les carmes ont toujours eu de la réputation et tenu
    un rang distingué dans la foutromanie !
  2. Machiavel dit, dans son Traité du Prince, que les
    États ne se gouvernent pas le chapelet à la main ; le père
    Chrysostome prétend de même que le monde ne se peuple
    pas en récitant le bréviaire.