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LA FOUTROMANIE

Faisant valoir l’obscurité des nuits,
L’Opéra fut une brillante arène
Où la putain produisit sur la scène
Tout à la fois ses talents, ses faveurs,
Livra la guerre aux bourses plus qu’aux cœurs,
Et se fit voir également humaine
Pour les payants et pour les bons fouteurs.
Sur le patron de ces braves déesses,
On vit un peu se mouler les duchesses,
Prendre leurs airs, leurs modes, leurs propos,
Se bastinguer pour de vaillants assauts,
De l’intérêt prêcher la controverse,
Faire à plaisir un ruineux commerce,
Payer leurs gens, pour lasser leurs gros vits,
Plus longs, plus durs que ceux de leurs maris.
Ainsi, bientôt, par un accord étrange,
De cons, de vits se fit un doux échange ;
Paisiblement, sans tracas, sans regrets,
Le grand seigneur remit à ses valets
Le soin d’aimer, de foutre son épouse ;
Et sa moitié, facile et point jalouse,
Courant gaîment passer en d’autres bras,
A ses laquais déduisit ses appas ;
Se défaisant de préjugés frivoles,
Se fit monter par de vigoureux drôles,
A ses vapeurs donnant, pour esculapes,
Des vits d’airain, de monstrueux priapes,
Tandis qu’aux cons de putains du bel air,
Son sieur et maître, épuisant sa poitrine,
Usant sont bout et sa rare origine,
Fut mériter les tourments de l’enfer,