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LA FOUTROMANIE

Durs, arrondis, rebelles, élastiques,
Lorsque nanti de mille appas physiques,
Mon vit, en rut, décharge à gros bouillons,
Des dieux, des rois je méprise la gloire,
De l’Achéron je brave l’onde noire,
Aux vils cagots, aux fiers ambitieux
Laissant le soin de la terre et des cieux.
Sots amateurs des biens, de la puissance :
Le vrai bonheur est dans la jouissance.
Pour être heureux, ô lubriques mortels,
Faut-il, hélas ! un trône et des autels ?
Pourquoi briguer un hommage, une offrande ?
A quoi me sert la grandeur quand je bande ?
Un con touffu, mutin, ingénieux
A deviner cent tours voluptueux,
Des reins d’ivoire et des fesses de marbre,
Une charnière à mobiles ressorts,
Qui, sans quartier, m’attaquant corps à corps,
S’unit à moi comme le lierre à l’arbre,
Qui, secondant mes amoureux efforts,
Aux coups de cul répond avec adresse,
Serre mon vit, forge les voluptés,
Et me prodigue une adorable ivresse,
Voilà mes lois et mes divinités.
Avec le sceptre, et l’encens, et l’hommage,
Jamais paillard, jamais fouteur ni sage
N’ira troquer les plaisirs enchanteurs.
Laisser les cons à l’appât des honneurs,
Quand, dans mes bras lascivement serrée,
Je tiens Dubois[1], demi-morte, égarée,

  1. Actrice de la Comédie Française.