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vrance ! Avant cette heure suprême, elle appelait Laurent ; elle eut voulu lui laisser comme un adieu les dernières bénédictions de son amour inaltérable ; mais la mort n’attend pas ; elle s’endormit en l’appelant. Laurent vint pourtant, mais trop tard, et pour ensevelir dans un cercueil son dernier espoir et ses désolants souvenirs.

Personne ne sut jamais qui était véritablement le Français dont nous avons vu la fin déplorable, excepté Barterèze, son plus cruel ennemi ; mais des rapports antérieurs entr’eux dont les mystères semblaient cacher un crime, faisaient au conseiller coupable une loi du plus inviolable silence sur ce sujet.

Un fait qui semblait s’y rattacher donna lieu à bien des conjectures. On apprit quelques jours après l’exécution des patriotes qu’une jeune fille étrangère allait prendre le voile au couvent des Ursulines de Montréal. On la disait arrivée de France depuis plusieurs mois, et retirée dès lors près de la supérieure à qui elle avait apporté des lettres renfermant sans doute le secret de sa destinée. Un étranger qu’on n’avait plus revu depuis le combat de Saint-Charles la visitait seul antérieurement à cette époque. Ces détails aussi bien que le soin de la jeune religieuse à cacher son nom éveillèrent un instant la curiosité ; mais la supérieure demeura impénétrable. Tout porte donc à croire que ce secret douloureux s’éteindra sans écho dans le silence du cloître, tombeau prématuré où vont s’ensevelir vivants encore tant de cœurs brisés, tant d’illusions déçues, tant d’espérances éteintes pour jamais !



FIN.