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Du vif eſclat ſa flame incertaine
Nuit au repos des Nymphes de la Seine.
Quittez, de grace, vn ſi pompeux orgueil ;
Vous eſtes mieux quand vous portez le dueil,
N’empruntez point de faueur de la Lune,
Soyez plus froide & deuenez ſi brune
Que nul obiect ne paroiſſe à mes yeux,
Soyez plus triſte & vous me plairez mieux.
Quand la Beauté qui me tient en ſeruage
Se promenoit les ſoirs ſur ce riuage,
Faiſant iuger aux peuples d’alentour
Que ce beau fleuue eſtoit le lict du Iour ;
Vous n’estiez pas ſi ſuperbe & ſi belle,
Vous ne pouuiez paroiſtre deuant Elle
Qu’auec vn trouble à cét effroy pareil
Qui vous ſurprend au leuer du Soleil.
Et maintenant qu’vne rigueur barbare
De ce Clymat pour long temps la ſepare,
Vous oſez prendre vn ſi riche ornement
Pour triompher de ſon éloignement.
Ne croyez pas, conſeruant cette audace,
Vous reſioüir touſiours de ma diſgrace ;
Et qu’vn Obiect qu’adorent les Amours
Loin de Paris paſſe ſes plus beaux iours.
Le Ciel enfin touché de mon ſupplice,
Ne ſçauroit faire vne telle iniuſtice ;
Il finira par de ſages Decrets
Vostre inſolence, ainſi que mes regrets ;