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Dans le plus tranquille loiſir
Que ma veine puiſſe choiſir,
Ie dois vous rendre cét hommage :
Mais ie veux ſi bien vous tirer
Que l’on ſoit forcé d’admirer
Les traits de voſtre belle Image ;
Et que la plus ialouſe rage
N’oſe iamais les cenſurer.

Lors que dans ſon plus large cours,
Le Soleil allume des iours
Qui n’ont rien de froid ny de ſombre :
Que l’Aurore en verſant des pleurs,
Seme des perles ſur les fleurs,
Et qu’on a des plaiſirs ſans nombre
Quand on peut trouuer aſſez d’ombre
Pour ſe deffendre des chaleurs.

Lors ſouz vn arbre bien couuert,
Estendu ſur le gazon vert
En vne réſveuſe posture ;
Flatté du doux bruit d’vn ruiſſeau,
D’vn eſprit plus clair & plus beau,
Comme à l’enuy de la peinture
Qu’estale par tout la Nature,
I’entreprendray voſtre tableau.