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L’abſence apporte vne langueur
Qui deſchire par ſa rigueur
Le tyſſu des plus belles trames ;
Elle applique nos ſentimens
À des geſnes & des tourmens
Pires que le fer & les flames ;
Elle bleſſe toutes les Ames
Et fait mourir tous les Amans.

À ſa faueur, les enuieux
En leurs deſſeins malicieux
Ont la facilité de nuire :
Et l’amour reduit aux abois,
Qui ſans mouuement & ſans voix,
Inceſſamment pleure & ſouſpire,
Impuiſſant parmy ſon Empire
Laiſſe enfraindre toutes ſes loix.

D’vn penſer laſche & pareſſeux
On voit le merite de ceux
Dont on ne voit plus les viſages :
Et durant ces ſoins languiſſans,
Les Riuaux, de deuoirs preſſans
Corrompans les meilleurs courages,
Font ſur mille faux teſmoignages
Condamner les pauures abſans.