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L’AMANT EN LANGVEVR.
SONNET.
N ces tristes deſerts, où s’areſte la Cour,
I’entretiens voſtre Image au doux bruit des fontaines ;
Et me plains de l’abſence aux ſablons d’alentour
Qui n’ont pas tant de grains que mon cœur a de peines.
Puis vous ayant offert à chaque heure du iour
Des ſouſpirs, des penſers, & des paroles vaines,
Ie coniure vn pinceau qui des tourmens d’Amour
Vous fera voir en moy des marques bien certaines.
Vous direz, Amaranthe, en voyant mon portrait,
Que c’eſt celuy d’vn autre, & qu’il n’a pas vn trait
De ceux que ſur mon teint vous auez veu parestre :
Mais ie ſuis ſi changé par nos communs ennuis,
Qu’à bien parler außi ce n’est pas me cogneſtre,
Que de me recogneſtre en l’estat où ie ſuis.