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LE DESPIT SALUTAIRE.

SONNET.



DESPIT altier Enfant d’vn deſdain rigoureux
Dont on fait vanité lors qu’on me deſeſpere ;
Vien rompre d’vn grand coup les fers d’vn mal-heureux,
Et te rends dans mon Ame außi fier que ton Pere.

Oſtons nous d’vn ſentier inégal & pierreux,
Où l’on ne trouue en fin qu’vne longue miſere ;
Les Roſes qu’on y void dont i’estois amoureux,
Couurent de leur eſlcat vne noire vipere.

Souz vn aimable teint, ceſte ieune Beauté
Loge l’ingratitude auec la cruauté
Pour geſner ſes Amans d’vn eternel martyre.

De moy, qui n’aime point les longs ſujets de pleurs,
Quand ie voy qu’vn ſerpent ſouz des fleurs ſe retire,
I’abhorre à meſme temps le ſerpent & les fleurs.