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Vos yeux qui lanceroient des feux de tous coſtez
Leur feroient außitoſt entr’ouurir la paupiere ;
Et voyant tout à coup luire tant de clartez,
      Cela leur donneroit matiere
De croire qu’en voulant gouuerner la lumiere,
      Quelque autre ieune audacieux
Dans le char du Soleil ſeroit tombé des Cieux.

Puis, voyant tant d’apas & de perfections
Leur troupe autour de vous viendroit faire vne preſſe :
Teſmoignant plus de ioye & d’admirations
      Qu’en ces flots voiſins de la Grece,
Thetis, au temps paſſé ne fit voir d’alegreſſe
      Auec ſa maritime Cour
À la natiuité de la mere d’Amour.

Apres auoir monſtré par cent traits complaiſans
Que l’on doit adorer vos beautez & vos graces ;
De leur plus beau poiſſon vous faiſans des preſens,
      Elles ne ſeroient iamais laſſes
De vous venir offrir des lignes & des naſſes :
      Si vous n’en faiſiez du mespris,
Vous qui prenez ſi bien les cœurs, & les eſprits.