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Aux niches de rocher qui ſont aux enuirons
On void touſiours mouuoir de petits perſonnages ;
Icy des charpentiers & là des forgerons,
      Qui trauaillent à leurs ouurages.
Et force moulinets faicts à diuers vſages,
      Qui font leur tour diligemment
À la faueur de l’eau qui coule inceſſamment.

Vne table de marbre où ie vais me mirer
Alors que ie n’ay pas le viſage ſi bleſme,
Pourroit bien de beau linge & de fleurs ſe parer
      Quand la chaleur ſeroit extréme,
Si vous vouliez venir y manger de la creſme
      Et des fraiſes, que cherement
Ie ne fais conſeruer que pour vous ſeulement.

Vous n’y trouueriez pas de ſuperbes aprets
Comme ceux que merite vne Beauté diuine :
Mais vous pourriez à l’ombre au moins, y boire frais
      En des vaſes de Cornaline ;
Et vos yeux, en vingt plats de Pourcelaine fine
      Pourroient confronter à ſouhait
La blancheur de vos mains auec celle du lait.