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Ie vous ferois ſçauoir tout ce que l’on en dit,
Vous contant leurs vertus & leurs metamorphoſes ;
Quelle fleur vint du lait que Iunon reſpandit,
      Et quel ſang fit rougir les roſes,
Qui großiſſent d’orgueil dés qu’elles ſont écloſes,
      Voyant leur portraict ſi bien peint
Dans la viue blancheur des lys de voſtre teint.

Piqué ſecrettement de leur eſclat vermeil,
Vn folastre Zephire à l’entour ſe promene ;
Et pour les garantir de l’ardeur du Soleil,
      Les eſuente de ſon halaine :
Mais lors qu’il les émeut, il irrite ma peine ;
      Car aymant en vn plus haut point,
Ie voy que mes ſoupirs ne vous émeuuent point.

Là, mille arbres chargez des plus riches preſans
Dont la Terre à ſon gré les mortels fauoriſe ;
Et ſur qui d’vn poinçon ie graue tous les ans
      Vostre chiffre & vostre deuiſe ;
Font en mille bouquets eſclater la ceriſe,
      La prune au ius r’afraiſchiſſant,
Et le iaune abricot au goût ſi rauiſſant.