Page:Tristan L’Hermite - Les Amours de Tristan, 1638.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La Nimphe contre vn arbre atachée en ces lieux,
Parut toute honteuſe apres cette victoire ;
Se voyant expoſée à nud deuant mes yeux,
      Son corps poßible eſtoit d’yuoire :
Mais ſoit qu’elle fuſt blanche, ou bien qu’elle fuſt noire,
      La belle ſe peut aſſeurer,
Que ie la deſtachay ſans la conſiderer.

Depuis que de vos yeux l’ardeur me vint ſaiſir,
Mon ame qui touſiours languist dans la ſouffrance,
Pour les autres Sujets n’a point plus de deſir
      Que vous me laiſſez d’eſperance :
Et ie voy des Beautez auec indifference,
      Que de leur celeſte ſejour
Les Dieux ne ſçauroient voir qu’auecque de l’amour.

Au reſte auec l’honneur d’estre nay genereux
Et de ſçauoir lancer & le dard & la pierre,
Ie m’imaginerois eſtre bien mal-heureux
      Si ie n’eſtois bon qu’à la guerre,
Pour reſpandre touſiours du ſang deſſus la terre,
      Et que mes ieunes ſentimens
N’euſſent iamais faict place à d’autres ornemens.