Page:Tristan Bernard - Contes de Pantruche.djvu/74

Cette page a été validée par deux contributeurs.


En Sabots


Le duc de Sableplein fit un soir son petit compte de caisse, et s’aperçut que des biens paternels, manoir ancestral et terres du Languedoc, il lui restait un bon de poste de quatre francs et deux billets de tombola.

Et cependant, autour de lui, s’élevaient, comme d’insolents donjons, les hautes fortunes des parvenus, arrivés à Paris en sabots.

Un tel, arrivé à Paris en sabots, avait réalisé des millions en louant chaque soir, à tous les directeurs de théâtre du monde, des appareils brevetés pour la claque mécanique.

Tel autre, venu à Paris en sabots, avait constaté les excellentes propriétés purgatives de l’eau de Seine. Il s’était installé à Vienne, où il avait vendu cette eau de Seine en flacons.

Il la fabriquait d’ailleurs sur place, avec de l’eau du Danube, des dessous de bras en caoutchouc et de vieux microbes.