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Les Prix de l’Académie


M. Gaston Deschamps vient de répondre vivement à M. Rodenbach, qui s’était permis de blaguer les lauréats de l’Académie.

Il m’est arrivé à ce sujet une certaine histoire, qui aurait pu mal tourner.

J’avais acheté à une vente une paire de vieux Bottins et d’almanachs. Je trouvai dans le lot quelques exemplaires d’un volume intitulé : Comédie de château, et plusieurs exemplaires aussi d’un ouvrage d’un autre genre : les Massacres d’Européens au Coromandel.

Or, le jour même où je fis cette banale découverte, je lus dans un journal que le délai pour la réception des ouvrages présentés aux concours académiques allait expirer la semaine suivante. Une idée me vint subitement, et je courus me procurer à l’Institut la liste et les conditions des différents prix.

Après un rapide examen, il me sembla que les Comédies de château avaient des titres sérieux au prix Birougnol, « pour les meilleurs ouvrages d’art dramatique à la portée des familles. »

D’autre part les Massacres d’Européens au Coromandel n’étaient pas indignes du prix Montrélaz « à décerner annuellement à l’auteur du livre le plus utile à l’expansion coloniale. »