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Le dessert se prit au milieu, en un endroit non encore exploré, sous la forme de deux tartes et d’une petite fine.

M. Flan se rendit ensuite dans un fumoir oriental où des boîtes de longs cigares s’ouvraient innocemment. M. Flan examina les cigares, en fit craquer six, qu’il ne jugea sans doute pas assez secs, car il les introduisit un à un dans sa poche. De guerre lasse, il en prit un septième au hasard, et s’en alla le fumer sur un canapé.

Son état d’esprit s’était singulièrement amélioré dans cette dernière demi-heure. « Ah ! pensait-il, si le traducteur avait les épaules plus larges, la vie serait une chose parfaite ! » Et du pouce il fit jouer ses entournures.

Puis, son cigare terminé, il se leva lentement et se dirigea vers la salle de bal.

La valse avait été très rude. Les polytechniciens tamponnaient leurs fronts boutonneux. Les civils, plus légèrement vêtus, avaient meilleure contenance. Quant aux demoiselles adversaires, elles avaient regagné leurs chaises d’expectative, sous l’œil tutélaire des mamans, attendri des grand’mères, et l’aile des éventails battait éperdument sur les corsages en fleur.

En somme M. Flan, ce soir-là, ne s’attendait pas à tomber amoureux. Transporté par une digestion nerveuse, il effleurait