ne s’y attendait, pousser un long cri guttural. Mais ce truc est fort usé et ne réussit guère.
On peut agiter violemment les bras comme les ailes d’un oiseau énorme. Mais ça ne les amuse plus et c’est à peine s’ils y font attention.
On a vu des confrères qui imitaient à ravir des acteurs notoires : José Dupuis dans l’exposé des faits de la cause ; Albert Lambert fils dans les passages de force ; Madame Pasca au moment pathétique. J’ai connu un avocat qui, pendant trois quarts d’heure, tint ainsi sous le charme le juge et les assesseurs, au cours d’une assez morne affaire de succession. Et, dans une évocation majestueuse, il fit parler le de cujus avec la voix de Raymond. Le tribunal lui donna gain de cause.
Pour moi, depuis un an que j’étais au Palais, je n’avais pas encore réussi à capter l’oreille du tribunal. Il faut dire aussi que je n’avais jamais eu l’occasion de plaider.
J’avais bien pour cliente une dame qui voulait divorcer et qui venait me demander chaque semaine des conseils, des caresses et une pièce de dix francs. Mais, en examinant de près son dossier, je vis que, n’ayant jamais été mariée à qui que ce soit, elle ne pouvait raisonnablement demander le divorce.
Enfin, un jour, comme je m’étais fait inscrire sur la liste des avocats d’office, le bâtonnier me désigna pour défendre un vieux vagabond qui avait volé un canari dans une cage pour en faire sa nourriture.
Ce vieux vagabond avait été condamné vingt-six fois déjà pour bris de clôture, rébellion aux agents et vols de divers objets étranges. D’ailleurs, loin d’être endurci, il prétendait avoir été victime de vingt-six injustices, au cours de sa longue carrière.
C’était en somme un de ces vieillards modestes qui, sans aucune rétribution, se chargent d’aller récolter le plus de