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qui voulait dire : « Je vous en prie, ne continuez pas sur ce ton-là ; vous allez me donner des haut-le-cœur. »

Nous arrivâmes enfin dans cette grande étendue de terres qui se trouve entre les lacs Tanganyika et Victoria-Nyanza.

Les villages et endroits habités devinrent rares.

Nous parcourûmes une cinquantaine de milles sans rencontrer un être vivant. Les provisions de la petite troupe s’épuisaient.

L’eau, par bonheur, ne manquait pas. Mais aucune plante comestible ne croissait dans la prairie. Le gibier faisait complètement défaut.

Le 18 juillet au soir, nous n’avions rien mangé depuis trente-six heures. Le docteur réunit tous les blancs ; on mit solennellement dans un chapeau les noms des nègres.

Le premier nom qui sortit fut celui d’un vieux guide qui rendait de sérieux services à l’expédition. On recommença l’épreuve par égard pour son grand âge et sa probable coriacité.

Enfin le sort désigna un jeune nègre nommé Counou. Il était vigoureux et de belle taille. Le docteur, excellent cuisinier, fut chargé de l’accommoder.

Tout le monde, servi copieusement, en redemanda. Il nous fit trois repas.