« C’est ainsi que la royauté dans l’Ouandsi se tire au sort, à la façon de la royauté de l’Épiphanie. La galette traditionnelle y est remplacée par une jeune femme, enceinte de trois mois, qu’on accommode en salmis. L’heureux gagnant est proclamé roi pour une année.
« C’est lui qui, aux termes de la constitution, est chargé, trois mois avant l’expiration de son mandat, de préparer la jeune femme pour le Jour des Rois prochain.
« On en prépare chaque année trois ou quatre, pour plus de sécurité ».
Cet extrait du Moniteur des explorations et découvertes m’avait toujours vivement intéressé. À cette époque, mon âme jeune, éprise d’inconnu, s’exaltait aux récits des Livingstone et des Stanley. Et mon plus grand désir était de visiter des tribus d’anthropophages.
J’appris à cette époque que le docteur Pionnier, le hardi conférencier, trois fois lauréat de l’Académie des sciences, partait en mission dans l’Afrique centrale, dans un but à la fois géographique et humanitaire. On faisait appel à tous les jeunes gens de bonne volonté, possédant une bonne santé, un jarret solide, et trois mille francs pour subvenir aux besoins de l’expédition. Le docteur Pionnier réunit ainsi sept jeunes hommes d’excellente famille qui lui apportèrent vingt et un mille francs. Comme c’était un galant homme, il s’en servit immédiatement pour régler des dettes de jeu.
D’après les prospectus, une fois nos trois mille francs versés, notre voyage était payé en première classe de Marseille à Zanzibar. Mais, le jour du départ, le docteur Pionnier eut une longue conférence avec le capitaine du steamer la Ville-d’Aubervilliers. Puis il vint nous expliquer qu’un voyage trop confortable nous préparerait mal aux fatigues de l’expédition. Nous coucherions donc avec les hommes de l’équipage, et nous rendrions de