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se ranger en bataille le long de la rivière Hu-Hu-Han, vis-à-vis de l’armée japonaise.

À ce moment, mon ami Saladier se trouvait près du généralissime. Un grain de poussière entra dans la narine droite dudit Saladier et le fit éternuer d’une façon formidable (Atchim !)

Alors les généraux Ti-Tzing et Tao-Pé s’écrièrent :

— Ha Tchim !

Tous les chefs de corps répétèrent Ha Tchim ! et, avant que Hang-Hang pût émettre un commandement contradictoire, l’armée opéra un mouvement tournant qui l’amena sous le feu direct de l’artillerie japonaise. En moins d’une minute, trente-cinq mille Chinois jonchèrent le champ de bataille.

Le reste de l’armée battit en retraite. Seuls les trente-cinq mille cadavres restèrent dans la plaine. Ils avaient tous de belles nattes de cheveux, pour que l’ange chinois de la mort pût les emporter commodément dans l’autre monde.

Mais l’ange chinois de la mort eut le tort de ne pas se presser, et fut devancé par Harvey, Jim and Co, marchands de cheveux à Shanghaï, qui arrivèrent avec une bonne équipe et quelques tombereaux, et coupèrent tranquillement les trente-cinq mille nattes.