Page:Tristan - Union ouvrière, 1844 (2e édition).pdf/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.
XII

ouvriers, lorsque ceux-ci voudront faire quelques efforts pour s’unir.

Je vais donner ici quelques passages des lettres qui m’ont été adressées à l’occasion de mon livre. En faisant connaître l’approbation donnée à mon idée par des hommes du plus haut mérite, j’espère attirer l’attention des personnes que la logique de mes raisonnements n’a pu convaincre.


Madame,

Je suis touché plus que je ne puis vous le dire des sentiments bienveillants dont j’ai trouvé l’expression dans votre lettre et dans l’intéressant travail que vous avez eu la bonté de me communiquer. La sympathie profonde dont vous êtes animée pour les misères sociales qui abondent sous nos yeux, a toujours rempli mon cœur ; et si je n’ai que bien imparfaitement réalisé ce que j’ai tenté, rien ne m’est plus doux que de voir reconnaître la sincérité de mes efforts par une personne qui juge tout à la fois avec son âme et avec son esprit.

Certes ce n’est pas moi qui vous dissuaderai de poursuivre la noble et grande entreprise que vous avez commencée ! Il n’y a que trop de gens aujourd’hui qui traitent d’illusion tout sentiment généreux, et d’utopie toute réforme sociale ou politique. Je suis d’ailleurs très convaincu qu’il y a dans votre projet un grand fond de vérité et le principe d’une institution nouvelle très salutaire pour les classes ouvrières. Les difficultés d’organisation sont très grandes : on peut avoir à vaincre, outre les obstacles inhérents à toute création, des entraves procédant de l’autorité, des embarras légaux, la difficulté de perception des ressources, celle de leur emploi et distribution, etc. Il n’en est pas moins vrai que la création d’un grand asile, qu’on l’appelle Palais ou autrement, pour les invalides du travail et de l’industrie, est une belle pensée ; et que l’union des classes ouvrières se cotisant toutes pour arriver à ce but est le meilleur moyen. C’est une pensée qui peut se modifier, se restreindre ou s’étendre, et recevoir des applications di-