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ne se refusent rien. — Que nous importe, disent-ils, après tout, nous pouvons boire et vivre joyeusement, puisque nous n’avons personne à nourrir. Tandis que l’homme marié qui aime sa famille, trouve de la satisfaction à se priver pour elle et vit avec une frugalité exemplaire.

Ouvriers, ce petit tableau, à peine esquissé, de la position dont jouirait la classe prolétaire si la femme était reconnue l’égale de l’homme, doit vous donner à réfléchir sur le mal qui existe et sur le bien qui pourrait être. — Cela doit vous faire prendre une grande détermination.

Ouvriers, vous n’avez pas pouvoir d’abroger les anciennes lois et d’en faire de nouvelles, — non, sans doute ; — mais vous avez le pouvoir de protester contre l’iniquité et l’absurdité des lois qui entravent le progrès de l’humanité et qui vous font souffrir, vous, plus particulièrement. — Vous pouvez donc, c’est même un devoir sacré, protester énergiquement en pensées, en paroles et en écrits, contre toutes les lois qui vous oppriment. — Or donc, tâchez de bien comprendre ceci : — La loi qui asservit la femme et la prive d’instruction, vous opprime, vous ; hommes prolétaires.

Pour l’élever, l’instruire et lui apprendre la science du monde, le fils du riche a des gouvernantes et institutrices savantes, des directrices habiles, et enfin, de belles marquises, femmes élégantes, spirituelles, dont les fonctions, dans la haute société, consistent à se charger de faire l’éducation des fils de famille qui sortent du collége. — C’est une fonction très utile pour le bien-être de ces messieurs de la haute noblesse. — Ces dames leur apprennent à avoir de la politesse, du tact, de la finesse, de la souplesse dans l’esprit, de belles manières ; en un mot, elles en font des hommes qui savent vivre, des hommes comme il