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continuelles son centre de gravité, qui est l’absolu.

Ainsi dans toute grande action intellectuelle et morale se trouve un principe de réaction, et l’opinion va et vient comme le balancier d’une horloge, parce que le mouvement la pousse aux extrêmes et que son centre de gravité l’attire sans cesse.

C’est d’après ce principe que le monde antique, fatigué de son luxe sensuel, a pressenti la réaction chrétienne, réaction essayée par le stoïcisme et poussée à l’extrême par les ascètes du désert.

Mais ce que le christianisme eut d’excessif prépara un triomphe nouveau à la chair, et les voyants de la primitive église annoncèrent le règne futur de l’Antechrist.

L’Antéchrist, c’est l’homme animal qui se met à la place de Dieu et qui s’adore.

C’est la négation de tout ce que le Christ est venu affirmer et l’affirmation de ce qu’il a nié !

Le Christ a dit : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés, c’est-à-dire, s’il le faut, jusqu’à la mort.

L’Antechrist dit : Chacun chez soi et chacun pour soi.

Le Christ a dit : Heureux les pauvres !

L’Antechrist dit : Heureux les riches !