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che pas ici à la propriété légale, et j’examine seulement la chose au point de vue religieux et chrétien.

Or je crois avoir assez clairement et solidement établi que le christianisme, résumé dans la communion, et la civilisation moderne, résumée dans la propriété, sont tellement opposés l’un à l’autre et dans les mots et dans les choses, que l’un doit nécessairement détruire l’autre, et que, si la société croit dangereuses les idées du communisme spiritualiste, il faut qu’elle brûle l’Évangile et qu’elle proscrive le nom de chrétien, afin que jamais on ne donne aux enfants du peuple des droits et des idées étranges en les faisant communier à la table de Dieu.

On me demandera peut-être pourquoi, moi qui parle ainsi, je ne me suis jamais approchée avec ma fille de la communion catholique.

C’est que je ne pouvais ni ne voulais livrer ma dignité de femme aux questions impures d’un prêtre.

C’est que je ne voulais pas livrer à ces hommes l’innocence morale de ma fille.

Car le célibat des prêtres est selon moi une chose impie, et les assiduités des femmes au confessionnal une sorte de profanation des droits de la nature.