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la morale chrétienne ne condamne pas formellement les voleurs ?

Oui certes, elle les condamne ; et c’est ce qui devrait faire trembler la plupart d’entre vous.

Mais répondez, je vous prie, aux questions que je vais vous faire.

Le Christ s’est-il donné et a-t-il été reçu par les vrais chrétiens, non-seulement comme un docteur, mais comme un modèle ? — Oui.

A-t-il possédé ou voulu posséder quelque chose au monde ? — Non.

A-t-il jamais parlé en faveur de la propriété ? — Non.

A-t-il imposé la désappropriation comme une condition de salut ? — Oui.

A-t-il dit qu’un câble passerait plus facilement par le trou d’une aiguille qu’un riche par la porte du ciel ?

A-t-il défendu à ses apôtres de posséder et de s’approprier quoi que ce soit ?

A-t-il établi une telle solidarité entre les hommes que la souffrance d’un seul doive être la souffrance de tous, et que l’insulte ou l’injustice faite à un seul soit faite à lui-même, c’est-à-dire à Dieu ?

A-t-il dit que si quelqu’un disputait à un chrétien sa tunique, le chrétien devait donner encore son manteau ?